Y’a plus d’saisons

Bon ok, il y a encore des saisons, mais ce ne sont plus les canoniques quatre saisons comme on les connaissait avant, toi, moi et Vivaldi. Contrairement à Mamie et à ses copines du club de bridge, je ne parle pas ici de la situation météorologique, climatique ou environnementale, non non, parce que ça concrètement, bien que ce soit un des sujets favoris de Jean-Pierre Pernaut, (dans le top 3 avec la rentrée des classes et les premières neiges), moi je m’en fiche un peu. (Je sais, tant de rébellion et d’anti-conformisme, c’est digne des Pussy Riot. Ou de Miley Cyrus, au choix.) Non, ce dont il retourne vraiment ici, c’est d’une question de vocabulaire. En effet, avant il y avait l’automne, l’hiver, le printemps et l’été qui se succédaient gentiment au fil de l’année sans que personne n’en fasse un cheesecake. Maintenant, le printemps et l’été ont disparu, sont obsolètes, oubliés, et seront sans doute bientôt remplacés dans les manuels d’apprentissage scolaire par un gros #SUMMER. Depuis début mai, cet exotique vocable est le roi des réseaux sociaux, au point que je me demande si #spring n’est pas un petit peu jaloux, et en train de préparer une machiavélique revanche dans son coin. Sur Instagram, chaque photo où on aperçoit un centimètre de ciel bleu porte ce hashtag, et ce depuis plusieurs mois, alors qu’au moment où j’écris ce papier, on est toujours qu’au milieu du printemps. D’où l’absurdité. Sur Lookbook, même chose, avec en cadeau la démonstration du manque d’imagination affligeant de cette planète, avec la moitié des looks intitulés « Summertime Sadness », et un autre quart « Summertime Happiness », parce que les gens sont des petits malins. Merci Lana del Rey, merci beaucoup. Alors maintenant, que faire ? Et bien, tout simplement, accepter la situation, prendre son mal en patience, et attendre la période de la première écharpe, c’est-à-dire l’aut…ah, au temps pour moi, on me fait signe que le mot « automne » vient officiellement d’être remplacé par #winteriscoming. Y’a plus d’saisons, je vous dis.