De l’art subtil de porter ses vêtements de manière tout à fait inadaptée

Le manteau-cape (figure 1) Vous portez votre manteau normalement ? Ha ! Vous êtes so 2013. La coutume qui veut qu'on enfile les manches parce qu'après tout c'est à ça qu'elles servent et donc c'est pas vraiment une coutume mais plutôt du simple bon sens enfin bon, BREF, cette pratique est totalement dépassée. En 2014, le manteau se porte ouvert et gentiment posé sur les épaules, comme une gracieuse colombe, ou un gracieux mammouth, si vous avez un manteau de fourrure. Nous appellerons ceci le manteau-cape. Etude de cas : Figure 1. Voici un phénomène classique de manteau-cape, porté dans son habitat naturel, une quelconque fashion week. Au niveau de l’aspect général, c’est plutôt chic, plutôt couvrant, et ça donne un air averti de «je sais ce que je fais, ne vous inquiétez pas». Après, du côté de la praticité, c’est autre chose. Comment est-ce qu’on lève les bras là-dedans ? On ne les lève pas. Imaginez que suite à un coup de vent, une mèche de cheveux se colle sur votre rouge à lèvres (inévitable). Cas normal : vous réglez ça en trois secondes, vite-fait-bien-fait, personne n’a le temps de remarquer. Cas où vous portez un manteau-cape : hmmm. Vous levez délicatement un bras en direction du litige, tout en le gardant dans l’axe de l’ouverture et en penchant l’épaule opposée pour ne pas déséquilibrer votre cape, et avec un peu de chance vous réussissez à corriger ceci sans qu’un des milliers de photographes streetstyle qui peuplent le terrain n’ait le temps de vous immortaliser dans cette contorsion ridicule. Ceci étant le meilleur des cas, car dans le pire, si vous manquez de pratique dans le port du manteau-cape, il va tout simplement tomber de vos épaules et s’étaler par terre comme un animal mort, vous ridiculisant devant toutes les autres fashionistas qui vont faire semblant de ne pas s’être entrainées des heures chez elles pour ne pas que le même accident les surprenne. En somme : Intéressant, mais portable seulement dans un contexte limité, car c’est sûr que ça passe beaucoup mieux dans les quartiers chics de Tokyo que dans cette belle bourgade de Putiers-sur-Marne. Et surtout, surveillez la météo, parce qu’en cas de pluie, à moins de savoir tenir un parapluie avec vos dents, vous allez en baver. La chemise-jupe (figure 2) Au premier abord, on pourrait penser que cette jeune fille, se baladant gaiement dans les rues londoniennes (ou berlinoises, ou praguéennes, que sais-je, un endroit où les gens ont du style naturellement), a soudainement eu un peu chaud, et a donc décidé de nouer nonchalamment sa chemise autour de sa taille, sans plus y réfléchir que ça. Et bien non. Ce nouage est en fait tout à fait réfléchi et organisé pour donner un air plus décontracté et je-m’en-foutiste à la tenue. Fou non ? En même temps, rares sont les filles qui noueraient un vêtement autour de leur taille de façon improvisée. Parce que en cas de mauvais choix du vêtement, ça fait très vite touriste en vacances qui n'a plus de place dans son sac à dos à cause de ses indispensables douze guides du routard. Donc, le choix du vêtement à nouer est vraiment important, pour ne pas avoir l’air TROP décontracté non plus. Donc : rendu plutôt cool, mais à privilégier avec un style un peu grunge et plutôt simple, parce qu’avec des escarpins et un manteau-cape, ça risque de faire un peu «j’ai mis un peu de tout comme ça je suis sûre d’être bien à la mode !». La chaussure-chapeau (figure 3) Même 50 ans après, il semblerait que Schiaparelli soit toujours trop avant-gardiste pour que ce couvre-chef se démocratise. Mais attendons une autre cinquantaine d’années, et peut-être qu’Anna Wintour elle-même (car Anna Wintour est immortelle, le saviez-vous ?) portera cette merveille au premier rang du défilé Dior printemps-été 2064, lançant une mode au retentissement international. L’ écharpe-pantalon Non bon, ok, j'abuse un peu. Mais bon, on aura vu pire non ?